Les très riches, bientôt mordus de Web social ?
Imaginez-vous Jean-Paul Agon, le pdg de L’Oréal en train de cliquer sur le bouton « J’aime » placé sous la photo de la dernière cave à cigares acquise par Michel David-Weill, ex-pdg de la banque Lazard et actuel président du conseil de surveillance d’Eurazeo ?
L’image peut prêter à sourire tant on imagine mal ces grands patrons se divertir sur les réseaux sociaux. Surtout, en Europe où la peur du fisc semble entretenir le principe du « vivons heureux, vivons cachés ».
Alors qu’en Chine de nombreux hommes d’affaires, au contraire, sont fiers de témoigner de leur aisance financière acquise en un temps record.
La Chine et ses milliardaires, 1er marché mondial du luxe
La Chine, c’est aussi le pays qui est sur le point de devenir le premier marché mondial pour les biens de luxe ou encore celui où le nombre de milliardaires croît le plus vite (+ 67% en 2011 pour atteindre 115 milliardaires selon le classement Forbes).
Autant d’indicateurs qui ont poussé Yu Xang et Sonia Pan, deux entrepreneurs Chinois formés à l’économie et à l’informatique dans de grandes écoles à Stockholm, à se lancer dans l’aventure des réseaux sociaux avec P1.CN, un cercle virtuel dédié aux personnes à très fort pouvoir d’achat.
Certes, il existe déjà, depuis 2004, un réseau social réservé aux personnes fortunées. Baptisé A Small World, ce réseau discret revendique 650 000 inscrits.
P1.CN affirme comptabiliser déjà 2 millions d’inscrits - principalement à Pékin, Shanghai et Guangdong. Il poursuit son développement à travers la Chine et vient de lancer une application pour les mobiles.
Des données privées comme s'il en pleuvait
Ce nouveau réseau social destiné aux « riches » est une véritable aubaine pour les marques de luxe occidentales. Jusqu’à présent personne ne pouvait savoir quand, comment et ce que dépensaient ces consommateurs à hauts revenus.
Ils ne répondent pas aux enquêtes, ne passent pas leur carte de fidélité à la caisse du supermarché et ne participent pas non plus à tests consommateurs. A peine connaît-on leur nom et leur adresse grâce à l’empreinte de leur carte de crédit ; lorsqu’ils ne paient pas en liquide. Autrement dit, ce sont de véritables casse-têtes pour les gens du marketing.
Avec leur réseau P1.CN, Yu Xang et Sonia Pan prennent le pari de changer la donne. Il ne sera plus nécessaire de chercher à sonder, relancer, harceler, monsieur Y et madame X pour leur arracher des bribes d’informations, parfois biaisées, sur leur comportement d’achat.
Aujourd’hui, ces millions d’acheteurs potentiels livreront gratuitement un flot d’informations personnelles. « L’inscription est sélective, uniquement sur invitation, mais ne requiert aucune formalité. Nous obtenons suffisamment d’informations de manière indirecte, grâce à leurs posts », a souligné Sonia Pan, lors de la présentation du réseau, début avril 2012 à Paris dans le cadre d’une conférence organisée par L’Atelier BNP Paribas.
Chanel, Dior, Cartier, Hennessy ou encore Tag Heuer ont déjà mené des opérations avec ce réseau. D’autres marques, plus petites, sont plus réservées. « Le coût d’acquisition d’un membre reste encore élevé », relève une grande maison de luxe française.
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